mardi 31 janvier 2017

Tant que le temps nous tentera


Quand tout paraît lent, quand tout est endormi, 
Lorsque la montre semble sur pause 
Et que le jour se transforme en nuit, 
En toupie, je songe que l’horloge se métamorphose


L’ennui m’enduit lorsque stagne le temps, 
Alanguie par les secondes qui s’éternisent 
Je me languis d’un espace foisonnant de vie 
Irrigué par l’élan et le mouvement


Lorsque rien n’égaye les minutes qui passent, 
J’attends patiemment, avide du tourbillon 
De la tempête, des marées et des passions, 
Toutes ces choses qui nous font nous sentir vivant.

vendredi 27 janvier 2017

Vert Galant


Jetant un furtif coup d’œil à sa montre, Ambre scrutait minutieusement le moment de son arrivée. Elle l’avait aperçu depuis quelques semaines déjà. Elle s’ennuyait toujours un peu en attendant son train alors elle observait la foule autour d’elle, à la recherche d’une dose d’excentricité égayant sa journée qu’elle devinait terne et morne. La première fois qu’elle l’avait vu déambuler sur le quai d’en face, Ambre avait songé que personne n’avait pu le rater.

Il ne faisait pas de bruit, ne jouait pas de saxophone, ne chantait pas à tue-tête au rythme d’un métronome, rien de tout cela. Il serait presque passé inaperçu et invisible s’il n’avait pas choisit de se vêtir ainsi. La première fois qu’elle l’avait vu, Ambre avait senti comme une intrusion de fluo dans son champ de vision. Une agression de couleurs. Un imperméable vert émeraude habillait le corps fin de ce garçon élancé. Au milieu des manteaux en daim noir et des mocassins en cuir fondus dans la masse, il allait sans dire qu’Henri se faisait remarquer.

À compter de ce jour et des autres qui suivirent, Ambre et Henri attendaient, à la même heure, leurs trains respectifs les conduisant dans deux directions opposées. Si Henri était souvent moqué par les passants en raison de son style original, il avait fini, même de loin, par intimider Ambre. Elle sentait parfois qu’il décrochait les yeux de son journal pour poser son regard sur elle.

Les matins se succédaient et les trains défilèrent, chacun songeant avec hâte au lendemain, afin de retrouver l’inconnu du quai, l’étranger du train. Ambre était intriguée par la destination quotidienne de son bel anonyme. Alors, lorsque sa curiosité et son désir de savoir se montrèrent insistants, elle décida que le lendemain, elle se rendrait, à l’heure habituelle, sur le quai d’en face.

​Il était 8 heures pile et il n’était pas là. Ambre balaya sans succès la foule du regard à la recherche du manteau vert, lorsque soudain, elle fut déconcentrée par un nouvel assaut coloré venant du quai opposé. Henri l’attendait en face. Il avait vraisemblablement eu la même idée qu’elle. Lorsqu’elle l’avait enfin vu et trouvé, Ambre laissa apparaître un large sourire sur son visage, dévoilant de jolies fossettes délicates. Henri lui fit signe de l’attendre. Lorsqu’il l'eut rejoint, tous deux eurent une folle envie de rire tellement ils étaient gênés par cette situation cocasse.

​Ils ne savaient que dire alors ils se regardaient dans l’attente des mots. Henri brisa ce poétique silence en invitant Ambre à boire un café. Elle allait manquer le premier cours de sa journée mais ce n’était pas important. Elle se laissa porter par l’instant et par l’inconnu, celui qui manquait à son quotidien trop routinier. Henri prit un chocolat chaud tandis qu’elle, se réchauffait au-dessus d’un cappuccino à la légère odeur de noisette.

​De son esprit spontané, Ambre mit les deux pieds dans le plat et interrogea Henri sur le port de ce manteau vert. Où l’avait-il trouvé ? Interloqué, il lui fit remarquer que celui-ci était jaune. Ambre était catégorique, bien sûr que non, il était évidemment vert ! Henri sourit et ouvrit son manteau, lui demandant de quelle couleur était son pull. Ambre renchérit, il était vert, lui aussi ! Le pull de Henri était pourtant rouge. Il lui montra son carnet de dessins, celui sur lequel il laissait libre cours à son imagination depuis qu’il était arrivé à Paris. Il était rempli d’aquarelles aux multiples nuances de différents coloris. Henri posa délicatement sa main sur celle d’Ambre, lui indiquant qu’il la soupçonnait d’être daltonienne. Le pull de Henri était bien rouge et son ciré, celui qu’il n’avait toujours pas quitté depuis qu’il était parti de sa Bretagne natale, était bien jaune.

​Ambre était confuse. Elle n’avait jamais pensé qu’elle pouvait être détentrice d’une telle particularité. Presque vexée de s’être trompée, elle fit remarquer à Henri que malgré tout, le surnom de Henri IV demeurait « Le Vert Galant ». Dans sa méprise, elle n’avait alors pas eu entièrement tort ! Henri ignorait ce détail historique et remercia sa belle de lui avoir appris quelque chose. Elle lui sourit, il la regarda tendrement. Ils étaient dans une petite bulle, ni jaune, ni rouge, ni verte, que rien ne semblait pouvoir perturber, pas même les gouttes de pluie tombant du ciel gris. Une petite bulle rose. 

dimanche 15 janvier 2017

Des mots et demo



On n'écrit jamais trop 
On n'écrit jamais assez
On apprivoise les mots
Qui naissent dans l'encrier 

Les lettres dansent 
Avides d'être assemblées
En formant le corps 
D'un chantant phrasé

Quand la parole est muette
La main prend le relais
Et s’attele à rédiger
Ce que la voix seule ne peut porter

mercredi 4 janvier 2017

Un bel ami qui vous veut du bien

Un mot passant sous ses yeux, Guy l'attrapa et en fit un livre. 

Voeux

" Je vous présente tous mes vieux pour 2017" - Discours de rentrée d'un directeur de maison de retraite à son équipe. 

D'ailleurs, Jusqu'à Kant peut-on envoyer Descartes de voeux ? 

dimanche 1 janvier 2017

Le misérable

"L'honnête homme
Admire mais jamais il n'envie
L'aigreur est au corps
Un poison, une infamie,
Horreur de pourrir de l'intérieur
De convoitise et de rosserie
Le désir du vivant est malheur
Qui jamais ne guérit,
Seuls les morts
Peuvent envier ceux qui sont en vie." 

Nuit


À mi-mots je te parle
Animée de tendresse
Mes mains sur ton visage
Se retrouvent à danser
Le sommeil se cache
Sous mes draps défroissés 
Doucement je me prélasse
À la recherche de Morphée
Mais il est trop tard
Le train de la nuit est déjà passé.


Gratitude

L'essentiel est d'être reconnaissant envers ceux que nous aimons. Perdre ce réflexe, c'est ne plus mesurer ce que nous possédons.

Dédicace

Quand l'amour inonde,
Il panse toutes les plaies,
Sa sève généreuse nourrit
Les âmes assoiffées

Quand il dépérit,
Les chaires desséchées,
Sont avides d'un fluide,
Venant les réparer

Quand l'amour abonde, 
Il n'y a ni solitude, ni ennui
Le pouvoir de ses ondes
Suffit à les repousser.

Réminiscence

S'habiller de courage
Qu'importe l'effroi
Se départir de toute rage
Qu'importe l'émoi
Se souvenir de ton visage
Qu'importe le temps
Ne pas craindre le naufrage 
Qu'importe le tourment
Et avancer lentement,
Voguer vers son rivage